Chroniques Concerts

Sonic Youth + Dinosaur Jr - Paris Le Zénith 13 Décembre 2006

Posté par : Emmanuel Durocher le 21/12/2006

Soirée sonique et sonore mais pas sonotone dans un Zénith bondé pour le retour de deux grandes légendes de la scène noisy.

Très rapidement, Dinosaur Jr monte sur scène, Jay Mascis arbore une chevelure blanche d'une longueur assez impressionnante comme si Saroumane avait troqué sa magie noire contre une guitare électrique, Lou Barlow affiche une allure d'éternel adolescent et Murph au crâne d'Âœuf étincelant demeure un batteur véloce et buté. C'est parti pour une (trop courte) demie heure d'un set intense qui privilégie surtout les morceaux de "You're living all over me" avec notamment "Freak scene" sur lequel Lee Ranaldo est venu pointer le bout de son nez. Lou est plutôt statique alors que Jay s'amuse à jouer une sorte de Kama Sutra avec sa guitare en lui faisant adopter toutes les positions possibles et Murph frappe comme s'il voulait faire mal à sa batterie (mais elle a l'air d'aimer ça en fait) ; ils déversent une avalanche de décibels et on se demande comment c'est possible de faire autant de bruit à trois, mais ce bruit, aussi crasseux soit-il, reste intense et mélodique.

Puis les quatre New-Yorkais de Sonic Youth débarquent accompagnés de Mark Ibold, ancien bassiste de Pavement (mention spéciale à Kim Gordon et sa robe courte incandescente aux reflets métalliques qui semble directement sortie d'un vieil épisode de Star Trek ou Cosmos 1999). Le son, très bon pour une fois au Zénith ça ne fait pas de mal, permet de saisir toutes les nuances et subtilités de la musique du groupe et les jeux de lumière sont très beaux, tout en sobriété, un peu à l'image du groupe. La set-list fait la part belle aux morceaux du dernier album, l'impeccable "Rather ripped" ("Reena", "Incinerate", "Lights out"Â…) et quelques anciennes gloires comme "Teenage riot", "100%" ou "Candle". Kim Gordon, Thurston Moore et Lee Ranaldo se partagent le chant et donnent un concert sans concession parfois avec une énergie débordante et même avec les années qui passent, ils n'ont pas usurpé leur nom. Seul regret, le live est un peu court (une heure et demie avec les deux rappels), une frustration qui s'explique sûrement par tous ces titres comme "Sugar Kane", "Dirty boots" ou "Youth against fascism" qui n'ont pas été joué ; il est vrai qu'on pourrait être en droit d'attendre trois heures de prestation de la part d'un groupe à la discographie quasi exemplaire.